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2.4 – Lettonie
This is my site Written by admin on 19 octobre 2010 – 6 h 23 min
 
Comparée à Tallinn, Riga paraît immense. La ville est non seulement près de 2 fois plus peuplée, mais elle apparaît surtout plus massive, plus dense et plus vivante. On m’avait d’ailleurs prévenu: Riga a longtemps été connue comme une ville du vice, pleine de bar louches et d’étrangers glauques. Cependant, les 5 dernières années ont passablement assagi Riga. Si la vieille ville reste très vivante la nuit, les bars semblent être désormais fréquentés principalement par des jeunes locaux.  Je m’en suis d’ailleurs rendu compte dès le premier soir. Après quelques heures à découvrir la vieille ville, je suis parti Morizt (un Allemand  encontré à l’auberge de jeunesse) dans un bar de la « nouvelle génération ». Tout y faisait penser à Berlin: le bâtiment à moitié délabré, les tas de ferraille et de cageots multicolores positionnés de façon trendy à l’entrée, la musique electro du bar, les jeunes lettons déjantés, etc. Et le clou du spectacle: une exposition photo à l’étage (ou plutôt au grenier) très « berlinoise » elle aussi, entre images insolites de la ville et photos « sexys ». 
  
Le lendemain, visite de la ville moderne en petit groupe. La guide était super sympa, et nous a fait découvrir les quartiers en dehors de la vieille ville avec de nombreuses anecdotes à l’appui. L’architecture y est moins soviétique que prévu, et comprend en particulier de remarquables bâtiments art nouveau construits au début du XXème siècle. Le reste des bâtiments est malgré tout plus conforme aux standards de l’URSS, comme l’ancien quartier général du KGB. Un bloc massif de béton au milieu de la ville, complètement laissé à l’abandon, comme si les Lettons n’arrivait ni à affronter leur passer (en en faisant un musée), ni à en faire table rase.
 
 La visite se termine par un déjeuner dans une cantine lettone typique, au cours duquel Maria (la guide) nous livre son ressenti le futur de son pays. Et celui-ci n’est pas tout rose. Selon elle, l’Union Européenne n’a « rien amené de positif ». Certes, l’Europe n’aurait pas amené grand chose de négatif non plus, sauf l’obligation que les concombres soient « droits » et non plus courbe comme ils étaient auparavant sur les marchés. L’Europe n’aurait donc rien changé pour elle dans sa vie quotidienne. Et c’est bien là l’un des drames de l’Europe. Ces états baltes qui hier encore n’étaient guère plus qu’un entrepôt de l’URSS sont désormais pleinement ancrés dans l’Union Européenne (et dans l’OTAN), mais l’homme de la rue n’y voit aucune implication pour lui. Comme l’indique l’exemple des concombres, l’Europe doit faire plus pour pénétrer l’univers quotidien de ses citoyens faute de ne jamais gagner leur coeur. 
  
Car l’Europe a été et continue d’être une formidable chance pour ces pays. Les fonds structurels – des milliards d’euros déversés dans les pays baltes depuis leur entrée dans l’UE – en sont un très bon exemple. C’est en partie grâce à eux que la Lettonie a pu connaître un taux de croissance exceptionnel entre 2004 et 2007, changeant profondément le pays. Le dernier jour, j’ai passé la soirée avec Didzis, un ancien de KPMG Lettonie avec qui j’avais brièvement travaillé quelques années plus tôt. Didzis a 29 ans et fait résolument partie de la génération montante en Lettonie. Entré très jeune en politique, il a fait partie des membres de la commission étrangère d’un parti politique letton, et a à ce titre fait le tour d’Europe des parlements et des séminaires sur l’intégration des nouveaux états. Fort de cette expérience (et de ses contacts), Didzis a rejoint l’agence « Partenariats Public-Privé » du ministère des Finance puis KPMG Lettonie. Ayant quitté KPMG, Didzis fourmille de projets: outre une entreprise de conseil aidant à la rédaction de dossiers pour les fonds structurels, il lève des fonds pour une usine de bois, et veut même investir dans la culture du chanvre pour produire des matériaux d’isolation! L’avenir ne semble ainsi pas si gris… 
  
En revanche, lorsqu’on les interroge sur leur rapport avec les russes, la plupart des lettons sont assez circonspects. Il faut dire que la Lettonie est un pays schizophrène. Entre 1945 et 1991 les purges soviétiques et l’émigration ont fait disparaître près de 50% (oui, la moitié!) de la population lettone. Une colonisation par des Russes ayant été fortement encouragée par Moscou, les Lettons étaient ainsi lors de leur indépendance minoritaires dans leur propre pays. Certains russophones sont depuis partis, et les Lettons sont redevenus marginalement majoritaires (58%), mais les Russes et Biélorusses restent majoritaires à Riga… 
  
De fait, certains quartiers ou professions sont complètement tenus par des russophones. Traditionnellement c’est le cas des marchés, des boutiques et… des stands de tir. Pour parfaire mon étude sociologique, je me suis donc résolu à fréquenter l’un d’entre eux. Parti avec Moritz et un autre garçon de l’auberge de jeunesse, nous sommes arrivés dans un petite hutte dans les faubourgs de Riga. Tout était dissimulé en sous-sol, et le lieu a tenu toutes ses promesses. A l’intérieur, 4 grands Russes nous ont regardé de travers et nous ont montré les armes disponibles. Nous avons jeté notre dévolu sur une Kalachnikov (AK-47) et un fusil à pompe, et avons tiré 3 balles de chaque fusil chacun. Tout était assez irréel: le bruit (assourdissant), le recul lors des tirs, la taille des douilles (énorme) et la précision des tirs. A 15m, Morritz et moi avons mis toutes nos balles dans une affiche de James Bond de 40x80cm. Voyant cela, le bourru Russe a fini par esquisser un sourire, et nous a lâché « Good. But next time speak russian. This is Russian land here. Forever ». 
  
Même ici donc, dans ces états de la nouvelle Europe qui nous ressemblent tant de prime abord, les effets de la colonisation russe n’ont pas fini de se faire sentir. Dans ces pays de l’ « entre deux » comme les décrit François Hauter (grand reporter au Figaro), la cohabitation entre autochtones et Russes est difficile. 
 
Et encore, il s’agit ici de cohabitation entre Européens et Russes. Qu’en est-il dans des pays d’un autre « entre deux » encore plus complexe, l’Asie Centrale? Pour le découvrir, direction l’Ouzbékistan! 
 
 

 

2 Responses »

  1. Ouzbékistannnnnnnnnnnnnnnnnnnnnn for ever

  2. Purée ca fait peur ton truc de tir! Fais attention, va pas dans des endroits comme ça!

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