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11.1 – Brésil – Introduction
This is my site Written by admin on 26 août 2017 – 15 h 19 min

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Je suis arrivé au Brésil, dernier pays de mon périple, avec des rêves plein la tête. Il faut dire que depuis quelques années le pays semble décoller pour de bon, et s’affirmer sur la scène internationale. C’est ainsi que j’étais impatient de plonger dans ces 2 villes mythiques que sont São Paolo et Rio, de découvrir ce Brésil qui gagne et qui fait rêver.

Mais chaque chose en son temps. A Iguaçu, ce n’était pas le Brésil qui bouillonne de nouveauté que j’étais venu voir, mais plutôt le Brésil originel. La puissance de la nature, tout d’abord, car le Brésil est le pays de tous les records. Cinquième pays le plus vaste du monde avec 8,5m de km² de territoire (plus de 15 fois la France !), le Brésil s’étend sur près de la moitié de l’Amérique du Sud. Le Brésil possède ainsi des frontières avec pas moins de 10 pays différents, dont la France (Guyane). Cependant, la population s’agglutinant à 85% dans les villes, principalement près du littoral, le Brésil de l’intérieur est une immensité quasi vide d’hommes. Mais pas de phénomènes naturels exceptionnels…

Le fleuve Amazone, le plus puissant et (presque) le plus long du monde, en est un bon exemple. La forêt amazonienne, représentant à elle seule plus de la moitié des forêts tropicales de la planète, et immense réservoir de biodiversité, en est une autre. Je suis d’ailleurs fasciné par cette partie nord du Brésil, et j’ai longtemps essayé de faire passer mon tour du monde par Manaus, la capitale de l’Amazonie. Malheureusement (ou heureusement !) l’endroit est très difficile d’accès, l’aéroport de Manaus n’étant relié que par des vols vers São Paolo et Rio à des prix prohibitifs, et je n’ai donc pas pu profiter des ces merveilles là. En revanche, je n’ai pas raté les chutes d’Iguaçu.

Et je n’ai pas raté non plus l’autre trait du Brésil originel que j’étais venu chercher ici. Cette ambiance de frontière entre 2 mondes, de face à face entre les zones d’influence espagnoles et portugaises. Sans vouloir refaire toute l’histoire, cette frontière est d’ailleurs le fruit des premières épopées de la colonisation des Amériques, mais aussi de l’un des plus grands marchandages de l’histoire : le traité de Cordesillas. L’arrivée de Christophe Colomb en Amérique en 1492 aiguisa l’appétit des 2 principales puissances maritimes de l’époque, l’Espagne et le Portugal. Les 2 pays, plutôt que de se lancer dans des guerres sans fin, demandèrent au Pape de trancher leurs querelles. Celui-ci décida en 1493 que toute terre à l’ouest du 38ème méridien (« 100 lieues à l’est du cap vert ») était attribuée à l’Espagne, et que toute terre à l’est de cette ligne était réservée au Portugal. A l’époque, ce 38ème méridien était sensé se trouver intégralement en mer, pour éviter des querelles inutiles. Cependant, celui-ci coupait en réalité l’extrémité est du Brésil (la ville de Recife aujourd’hui), attribuant un bout d’Amérique du sud aux Portugais. Le roi du Portugal, le sachant sans doute secrètement, poussa pour décaler en 1494 la ligne plus à l’ouest, au 46ème méridien (aujourd’hui entre Rio et São Paulo).

Le Portugal pu ainsi coloniser le littoral est du Brésil à partir de sa découverte « officielle » en 1500. Mais il ne s’arrêta pas là. Alléchés par toutes les richesses du nouveau monde (canne à sucre, bois rouge brésil qui donna son nom au pays, etc.), les Portugais se lancèrent progressivement à la conquête de l’ouest et du sud du continent qui ne leur appartenait pas. Leurs cartographes embobinaient alors régulièrement les cartographes espagnols en déplaçant la ligne de démarcation toujours plus à l’ouest, ce qui fait qu’aujourd’hui le Brésil est près de 3 fois plus grand que le territoire accordé initialement par le Pape. Et que l’extrémité ouest du Brésil (à la frontière avec le Pérou) est à près de 3 000 km du méridien initial !

Quel rapport avec Iguaçu, me direz-vous ? Quand on regarde une carte actuelle, il apparaît qu’Iguaçu est l’un des points où la frontière du Brésil est le plus à l’est, soit le plus proche du méridien théorique. Par ailleurs, on découvre aussi que l’Argentine possède une partie des chutes (l’unes des plus belles) uniquement grâce à une langue de terre bizarroïde, un petit bout de territoire coincé entre le Brésil et le Paraguay. Apparemment, il était possible pour les cartographes portugais de tromper les Espagnols sur des territoires constitués principalement de forêt, mais lorsqu’il s’agissait de l’une des merveilles naturelles du monde c’était plus compliqué. Ainsi, sans ces chutes, Ciudad del Este et la langue de terre argentine serait peut être sous le contrôle du Brésil aujourd’hui.

J’entrai donc au Brésil avec toutes ces images dans la tête, prêt à voir cette merveille du monde que sont les Chutes d’Iguaçu.

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