La première chose qui frappe en arrivant en Australie, ce sont les mesures de sécurité. Au contrôle des passeports, le policier a examiné attentivement ma tête de terroriste, et a décider de m’envoyer un peu plus loin pour un contrôle complémentaire. Arrivé à l’endroit indiqué, une femme à poigne m’a posé un nombre incalculable de questions sur ce que je faisais en Australie, comment je comptais partir, etc. Puis, m’ayant laissé partir (presque à regret), celle-ci m’a dirigé vers le contrôle anti importations illégales. Et là, les questions posées sont assez surprenantes pour un Européen: « Êtes vous sur de n’avoir aucun objet en bois dans vos bagages? Pas de nourriture? Même pas une petite pomme perdue au fond du sac, ni un paquet de gâteau? Déclarez tout maintenant sinon l’amende sera de 200$! ».
Il faut dire que les Australiens a de bonnes raisons d’être parano. Pays développé au confins d’une région qui ne l’est pas, l’Australie voit débarquer des centaines de milliers d’immigrés illégaux tous les ans, et cherche désespérément à rendre ses frontières moins poreuses. Au delà de cet afflux humain, les risques sont également grand d’importer des espèces de plantes ou d’animaux indésirables, ou bien des maladies dévastatrices pour l’écosystème. Pour éviter ça, l’Australie tire partie de son statut d’île pour contrôler au mieux les flux entrant.
Il se trouve que le pays a beaucoup à protéger. Coupé du reste du monde pendant des millions d’années, l’Australie a développé une faune et une flore unique au monde, où le Kangourou n’est que le plus symbolique des animaux endémiques. De plus, les Australiens sont échaudés par les introductions passées, certaines ayant conduit à de vraies catastrophes écologiques.
Une fois arrivé à Sydney, je comprends une autre raison qui pousse les Australiens à se protéger: leurs villes magnifiques et le mode de vie qui va avec. Sydney en est d’ailleurs l’exemple le plus caricatural. Plus grande ville d’Australie, Sydney s’étale de part et d’autre de son fameux « harbour », cette immense langue de mer constituant un port naturel exceptionnel, et où se trouve la plupart des sites touristiques intéressants. Le premier jour, je me suis installé dans un hôtel en plein dans le centre, à quelques dizaines de mètres de Hyde Park. L’endroit qui rappelle si bien Londres, est l’un des nombreux noms empruntés directement aux Îles Britanniques. Il faut dire que l’Australie fait encore officiellement partie de la couronne britannique, et que l’Union Jack est encore présent sur le drapeau Australien! Même si en pratique bien sur l’influence politique de la Reine est quasi-nulle…
Avant de partir à la découverte de la ville, je décidai de profiter un peu de la plage, et partis bronzer sur la fameuse « Bondi Beach » à l’est de la ville. Tout correspondait au cliché: le soleil de plomb, les touristes inondant la plage, les Australiens sur leur planche de surf, les vagues puissantes et… euh, non, l’eau pas du tout chaude comme à Bali, mais au contraire bien plus froide que lors de ma dernière baignade en Bretagne!
Le lendemain, départ pour visiter tous les monuments les plus connus de la ville. Ou plutôt, tentative de départ à 11h du matin, sortie sous une pluie diluvienne, et retour à la case hôtel. Alors qu’au cours de mon voyage je n’avais quasiment jamais reçu de pluie (ni en Finlande en octobre, ni en Inde pendant la mousson!), j’ai été coincé à Sydney jusqu’à 20h par une pluie torrentielle. Quand la pluie s’est finalement calmé, je suis parti dîner avec 2 anciens élèves de l’INSEAD vivant à Sydney. Leur analyse de l’évolution de l’Australie était très intéressante, et ils m’ont expliqué les principaux débats qui agitent actuellement les Australiens au delà du clivage droite-gauche. Pour simplifier, la coalition au pouvoir rêve d’une « Grande Australie », qui verrait sa population doubler d’ici 2050. En face, la majorité de la population a peur que le déferlement d’immigrants (plus de 300 000 par an pour une population actuelle d’à peine 22 millions) empêche la bonne intégration des immigrés récents, et ne change la société trop rapidement. Ce n’est d’ailleurs pas uniquement une question sociologique. En effet, l’Australie apparaît de loin comme une île-continent, aussi grande que les États-Unis ou toute l’Union Européenne, et semble ainsi vouée à se peuplée rapidement. Cependant, cette superficie est trompeuse car l’immense majorité du pays est constitué de zones quasi-désertiques, où la vie et l’agriculture sont extrêmement difficiles. Dès lors, l’intérieur du pays est quasiment inhabité, et près de 60% de la population est concentrée dans les 5 plus grandes villes, dans l’ordre Sydney, Melbourne, Brisbane, Perth et Adélaïde. C’est là que se trouve « l’Australian way of life », avec ses surfeurs, ses bars branchés, et ses petites maisons avec jardins. En tout, près de 90% des Australiens vivent dans les villes! En revanche, dans la campagne que les Australiens appellent le « bush », la réalité est toute autre. Les hommes se battent encore avec les Kangourous qu’ils chassent, les vaches qu’ils élèvent, et l’eau qui leur manquent. Car contrairement à ce que pourrait laisser croire ma tempête tropicale de Sydney, l’Australie vit depuis 20 ans dans un état de sécheresse quasi permanente. Dans son livre sur L’avenir de l’eau, Erik Orsenna décrit ainsi la catastrophe hydraulique du pays (baisse de 80% du débit de la Murray River, etc.), et l’état critique dans lequel se trouve par conséquent l’agriculture. En plus de cela, l’obsession médiatique du moment concernait le rachat des fermes et coopératives par des entreprises étrangères, en particuliers Chinoises, avec comme objectif officieux la sécurisation des denrées alimentaires. Pour beaucoup d’Australiens, avant de penser à doubler sa population, l’Australie doit d’abord penser à pouvoir se nourrir elle-même…
En outre, l’irruption des Chinois en Australie ne concerne pas que les produits agricole. Au cœur de son immense territoire, l’Australie regorge en effet de minerais, le plus souvent exploitables dans des mines à ciel ouvert. Pour sécuriser leur approvisionnement cette fois en matière première, les Chinois se sont lancé dans une série de rachats tout azimuts, comme la montée en puissance de Chinalco dans le géant minier Rio Tinto. Ce « commodity boom » comme on l’appelle a ainsi considérablement rapproché l’Australie de la Chine, l’éloignant petit à petit des États-Unis. Le sommet de ce rapprochement a ainsi été atteint en 2007, avec l’élection d’un premier ministre Australien parlant couramment le Mandarin! Cependant, les choses ne sont pas si simples. Certes, d »un point de vue économique le partenariat semble ne faire que des gagnants, l’Australie ayant une économie basée sur les matières premières et les services, et ne souffrant donc que très peu de la montée en puissance industrielle de la Chine. En revanche, l’Australie reste un pays « asiatique par sa géographie mais européen par son histoire », c’est à dire un pays attaché aux valeurs occidentales. La peur de l’ogre Chinois (et de son opacité) a ainsi depuis tendu quelques peu les relations, tout comme l’effondrement des cours de matières premières depuis 2008 a rendu le partenariat moins stratégique. Cependant, avec un afflux d’immigrés asiatiques (principalement Chinois) qui semble être là pour durer, il a fort à parier que l’Australie va devenir de moins en moins occidentale et de plus en plus asiatique. Une nouvelle fois, la géographie reprend petit à petit ses droits…
Juste après le dîner, j’ai profité de la fin de la pluie pour découvrir la partie ouest du centre-ville. Même un lundi à 22h les rues sont loin d’être vides, les lumières sont partout allumées, et les décorations de Noël (toujours une surprise par 25°) sont omniprésentes. Encore un peu plus à l’ouest, je traverse le « Darling Harbour » et découvre que les restaurants branchés ont pris d’assaut le bord des quais. Enfin, je termine mon périple par la visite du Chinatown, ou plutôt du quartier Chinois historique, tant les Asiatiques semblent nombreux dans tout le reste de la ville!
Le lendemain, un soleil radieux est de retour, et je décide de retourner à la plage. Cette fois-ci, direction Manly, de l’autre côté du Harbour. En effet, sur le chemin se trouvent toutes les plus grandes attractions touristiques de la ville. L’ANZAC mémorial, tout d’abord, rendant hommage aux soldats Australiens morts pour la patrie. Rien de très original jusque là, si ce n’est que j’y ai appris 2 choses curieuses. Premièrement, ANZAC signifie Australia New Zealand Army Corp, ce qui veut bien dire que les troupes Australiennes et Néo Zélandaises combattait alors sous un même commandement. Quand on connait l’antagonisme entre les 2 pays aujourd’hui, cela a de quoi faire sourire! Deuxièmement, ces troupes ont combattu pour la première fois sous commandement britannique aux cours de la première guerre mondiale. Cela montre s’il en est le très fort sentiment d’appartenance à l’Empire Britannique qui animait les Australiens et les Néo Zélandais au début du XXème siècle. Il fallait quand même que ce sentiment soit fort pour envoyer 100 000 soldats (sur une population de 5 millions) dans un conflit à l’autre bout du monde qui ne les touchait en rien. De même, lors du début de la 2ème guerre mondiale, des troupes Australiennes sont partis précipitamment vers l’Europe pour défendre la mère patrie. En retour, les Australiens n’avaient aucun doute que la marine britannique les protègeraient contre les Japonais. Et pourtant… Comme le montre Australia, le film (assez mauvais par ailleurs) de Baz Luhrmann, les navires anglais stationnés à Singapour ont été balayés par les Japonais, et les Anglais ont alors annoncé qu’ils n’avaient pas les forces de défendre l’Australie. Les Japonais ont alors commencé à bombarder le nord de l’Australie, et ont été jusqu’à envoyer des sous marins dans la baie de Sydney… Finalement, c’est l’intervention des Américains qui a sauvé les Australiens, et l’Australie a échangé sa vieille alliance avec les britanniques contre un partenariat stratégique avec les États-Unis.
En poursuivant mon chemin vers le nord, je tombe sur le « Botanic Garden ». Je m’enfonce dans le jardin, et j’ai l’impression de me retrouver au cœur de Sydney. A ma gauche, les gratte-ciels du centre ville, à ma droite une baie splendide dont les rives sont prises d’assaut par des joggeurs, et tout autour de moi un jardin magnifique où les enfants jouent en riant. Enfin, en m’avançant un peu, je tombe sur LE symbole de Sydney, son opéra aux formes si originales rappelant des coquillages. Une nouvelle fois, la mondialisation est passée par là, et j’avais déjà tellement souvent vu ce bâtiment que j’avais plus l’impression de revoir une vieille connaissance qu’un édifice inconnu. En plus petit d’ailleurs, car ce bâtiment si « iconique » n’était pas aussi grand que l’idée dont on se fait sur les cartes postales. Mais loin, d’être blasé, l’apparition de ce monument a constitué l’un des meilleurs moments de mon voyage. Un peu comme une récompense, ou un symbole de ce que j’étais venu chercher: un petit bout de l’autre bout du monde. En plus de cela, le lieu tenait toutes ses promesses. Le ciel bleu, les 25°, le magnifique opéra et le non moins magnifique « Harbour Bridge » juste derrière, on peut le dire, j’étais vraiment au top! Pour profiter pleinement de la vue, j’ai pris le ferry jusqu’à Manly, et j’ai ainsi pu prendre toutes les photos que je voulais. Une fois cette frénétique envie passée, j’ai pu admirer l’embouchure du Harbour ainsi que les petites îles menant vers le nord de Sydney. Deux impressions s’en dégagent. D’une part, les habitants de la ville semblent être obsédés par l’eau: sur le moindre recoin de côte des milliers de maisons identiques s’agglutinent les unes contre les autres. D’autre part, à la vue de ce paysage à couper le souffle, on ne peut que comprendre cette envie impérieuse d’habiter en bord de mer, et l’immense fierté qu’on les habitants de Sydney de leur ville. Je comprends désormais mieux les Français qui rentrent de Sydney des étoiles plein les yeux…
Une fois arrivé à Manly, je retrouve tous les aspects de Bondi Beach, en mieux. D’ailleurs, même un jour de semaine à 14h, la plage est loin d’être vide, les cours de surf battent leur plein, et les joueurs et joueuses de beach volley tiennent toutes leurs promesses. D’ailleurs, il s’agit de Français qui entre 2 points discutent de leur working holiday visa et des CV qu’ils viennent d’envoyer. Pas sur qu’elles aient très envie de commencer à travailler… Enfin, en rentrant, je fais un crochet pour aller visiter le Harbour Bridge. Longtemps structure la plus haute de Sydney (pour laisser passer les bateaux), c’est également le pont le plus large du monde (50m), et l’un des monuments les plus aimés des habitants. Pas étonnant quand on voit le nombre de gens le traversant à pied, en vélo, ou en rollerblade.
Sydney a donc tenu toutes ses promesses, et il me tarde de pouvoir comparer la ville avec sa rivale de toujours. Pour le savoir, c’est parti pour 3 jours au travers du cœur de l’Australie: direction Melbourne!
t’es bronzé? hahaha
non mais wow le voyage… moi aussi je veux aller à la plage et ne pas dealer des cvs!
je crois bien qu’il faut avoir moins de 29 ans pour être accepté en tant qu’immigrant, parler l’anglais, et avoir un contrat ou une proposition sérieuse d’emploi… sur Perth, c’est assez facile de trouver des jobs quand on est dans des secteurs comme la construction, la comptabilité, …