La route menant de Franz Joseph à Queenstown n’a pas été de tout repos. Tout d’abord, il s’agissait d’une étape assez longue, avec de nombreuses heures de bus et des pauses assez courtes. Mais surtout, c’était le jour où j’avais décidé de sauter à l’élastique… Tous ceux qui ont eu la « chance » de faire ce que les anglais appellent le « bungy jumping » ( ou bien du saut en parachute) connaissent cette tension sourde qui s’installe entre le moment où l’on décide de sauter et celui où l’on saute vraiment. Dans ces cas là, chacun a sa technique pour se relaxer: s’occuper l’esprit, faire quelque chose de prenant, faire un footing, etc. Simplement, tout cela m’était interdit, puisque j’ai passé le plus clair de ma journée dans le bus à attendre l’arrivée sur Queenstown! Parmi les quelques activités proposées ce jour là, la première était néanmoins assez sympa. Nous avons visité un centre de taille de pierre de jade, et j’avoue que j’ai appris une chose ce jour là. Moi qui pensais que ces pierres étaient de petite taille dans la nature, j’ai découvert qu’en fait la plupart d’entre elles mesuraient plusieurs mètres et pesaient plusieurs tonnes! Des quoi faire une multitude de petits pendentifs pour les retraités japonais agglutinés dans la boutique…
Au fur et à mesure de la journée, la pression est montée. Nous avons tour à tour admiré des « lacs miroirs », des montagnes magnifiques, des cascades majestueuses, etc., mais rien n’y faisait, j’étais de plus en plus stressé: dans quelques heures, j’allais faire l’une des choses les plus folles de ma vie, à savoir sauter volontairement d’un pont de 43m de haut! Et pourtant, j’en avais déjà fait des choses un peu extrêmes… Je savais à peine marcher que j’escaladais la cheminé du salon pour sauter sur le canapé, évitant de peu le coin de la table basse. Adolescent, je me suis retrouvé à sauter en snowboard dans le brouillard, assez haut pour ne plus rien voir (pas même le sol!), avant de me fracasser la tête un peu plus bas. A 17 ans, j’ai fait mon premier saut en parachute en tandem, suivis à 19 ans d’une petite dizaine de sauts tout seul. Et je ne compte pas les sauts depuis les rochers, les ponts, ou les sauts de plus de 11m au cours d’un canyoning en Corse, ni même le fait de monter dans la voiture de certains membres de ma famille…
Seulement, tellement de gens m’avaient expliqué qu’ils avaient plus peur de faire du saut à l’élastique que de la chute libre que cela m’avait mis une pression assez insidieuse… Heureusement, juste avant d’arriver au fameux pont de la mort, notre bus a longé parmi les plus beaux paysages du monde. Jusque là, j’avais vu beaucoup d’endroits magnifiques en Nouvelle Zélande, mais j’avais malgré tout un goût d’inachevé. Rien ne m’avait vraiment ébloui comme je l’avais tant rêvé, et je commençais à avoir peur d’être un peu blasé. Cependant, en arrivant au Lac Wanaka, toutes mes craintes se sont dissipées, et avec elles la tension liée au saut qui approchait. Jamais je n’avais vu une telle combinaison de montagnes enneigées, de lacs, d’ancien volcans et de roches si abruptes. Les couleurs étaient extraordinaires, le temps était clair, et les lieux encore entièrement sauvages. Un paysage à couper le souffle, de la beauté à l’état pur.
Après une telle expérience, j’étais étrangement serein au moment d’arriver au pont de Kawarau. Entre tous les spots de saut en Nouvelle Zélande, j’avais choisi celui-là pour son côté historique et professionnel. Historique tout d’abord, car il s’agit du pont où le saut à l’élastique a été créé! C’est en effet ici qu’en 1988 les 2 Néo-Zélandais un peu fous ayant inventé le procédé ont lancé la première exploitation commerciale du saut à l’élastique. Professionnel ensuite, car après plus d’un million de sauts depuis sa création, le pont n’a eu à déplorer aucune (= zéro) victime. Un argument choc pour calmer sa famille quand on lui annonce avoir sauté à l’élastique à l’autre bout du monde (après le saut bien sur). En plus de cela, j’ai aussi découvert un autre avantage du saut sur ce pont. Certes, le pont n’est pas le plus haut du pays, mais du haut de ses 43m les sensations sont néanmoins excellentes. Cependant, le vrai plus de ce spot est le paysage autour, et la rivière qui coule en dessous. Il faut ainsi s’imaginer être entouré de montagnes, et surplomber une rivière à l’eau bleu/verte du fait de ses origines glacières. Magnifique. En arrivant au pont, l’ensemble du bus c’est aligné contre la balustrade pour encourager les 3 valeureux passagers ayant décidé de sauter. Dans le centre de commande, les moniteurs nous ont demandé notre poids, fait payé et… c’est tout! Pas de film explicatif, pas vraiment de conseil, et c’est parti pour le grand saut… Et là, dernière surprise: le moniteur nous demande si l’on veut toucher l’eau de la rivière, et si oui sur quelle profondeur. Ni une, ni deux, j’enlève mon T-shirt et je demande à plonger tout le bras et la tête jusqu’aux épaules. On m’accroche les pieds, je tortille pour m’avancer jusqu’au bord, et je prends une grande inspiration. Je lève la tête, regarde mon public (près de 50 personnes), et frappe dans mes mains pour lancer le rythme. Tout le monde reprend, je jette un coup d’oeil en bas et…….
Je saute! Tout se passe à toute allure, mais mon cerveau ralentis le temps pour me faire prendre les bonnes décisions. En l’occurrence je n’avais pas grand chose à faire, si ce n’est profiter à fonds de la descente, et bien tendre les bras pour toucher l’eau. Après une accélération sublime, je me sens ralentir, et même m’arrêter au moment où je plonge mon bras et ma tête dans la rivière. Et là, sensation assez inhabituelle, je suis catapulté en l’air contre la force de la gravité, tout en effectuant un salto arrière. Puis, une fois la deuxième descente amorcée, tout rentre dans l’ordre: les oscillations cessent peu à peu, je me stabilise, j’agrippe la perche tendue par le bateau en dessous, et je regagne la berge. Je remonte les escaliers quatre à quatre, et je tombe dans les bras des autres venant de sauter, une Anglaise rigolote et un Allemand super sympa. Après avoir récupéré nos DVD et confronté nos impressions, nous enfilons alors fièrement le T-shirt « I did it! », et prenons une photo pour la postérité.
Alors, comment était-ce vraiment? Vraiment génial, et je le conseillerais d’ailleurs à tous ceux et celles qui s’en sentent le courage. La sensation grisante de vitesse, le shot d’adrénaline dans les veines, la vision du sol qui s’approche à tout allure, etc. Mais est-ce mieux que le parachute? Non. Certes, les 2 sports donnent des sensations assez différentes, et cela doit sans doute dépendre de chacun. Cependant, sauter avec un fil puissant autour des pieds au dessus d’une rivière reste malgré tout bien moins impressionnant que de sauter sans aucune attache tangible à 4000m du sol, et de se retrouver tout à coup au milieu de rien. D’ailleurs, à peine rassasié, je n’avais qu’une envie c’était de ressauter, et je l’aurais fait (le 2ème saut était 3 fois moins cher) si le bus n’avait pas du partir immédiatement. Queenstown nous attendait!
Salut baz…
J’espère que la vie étudiante a bien repris…
Bon, le tour du monde n’est pas terminé, et meme si je suis persuadé que tu serais bien resté en Nouvelle Zelande, n’oublie pas le brésil !!!! Bon courage
Trop cooooooollll !!!!! Hâte d’y aller !!!!!!!!!