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7.3 – Australie – Sur la route de Melbourne
This is my site Written by admin on 14 décembre 2010 – 20 h 28 min

Après avoir quitté Canberra, nous sommes parti dormir au pied des « snowy mountains ». Le lendemain, réveil aux aurores pour partir à l’assaut du plus haut sommet d’Australie, le mont Kosciuszko. On ne s’emballe pas, le fameux mont ne dépasse en fait pas les 2 228m de haut, soit moins de la moitié du Mont Blanc, et un bon tiers de moins que le Pico de Aneto, le point culminant des Pyrénées! Simplement, si la difficulté de l’ascension n’est pas insurmontable, un ennemi bien plus insidieux nous a attaqué dès le réveil: le froid! En effet, habitués aux températures estivales du reste de l’Australie, la plupart des touristes arrivent en tongs, shorts et t-shirts dans ce qui reste une zone de montagne au printemps. A peine sortis de la voiture, une rafale de vent glacial nous a rappelé la dure réalité, et tout le monde s’est précipité vers sa valise pour enfiler toutes les couches qu’il pouvait. Du coup, c’est habillé comme des bibendums que nous avons attrapé le télésiège montant vers le début du trek, ce qui ne nous a pas empêché de grelotter au gré des bourrasque qui faisaient trembler les piliers (et s’envoler ma casquette!).

En démarrant le trek, je me suis rendu compte avec effroi que le chemin était non seulement balisé, mais surtout recouvert d’une sorte de longue grille. Du coup, le chemin était vraiment facile, et à part quelques endroits un peu raides il n’y avait pas de difficultés majeures. Cependant, le chemin réservait quand même quelques bonnes surprises. Tout d’abord, il longeait une rivière dont l’eau était si pure qu’on pouvait sans problème y boire dedans. Moi dont ça a toujours été l’un des rêves, je me suis carrément allongé pour boire directement « à la source », avant de remplir ma gourde à l’aller comme au retour. Ensuite, à 3 ou 4 endroits, le chemin était recouvert de neige et il fallait grimper comme sur un glacier pour rejoindre le tronçon suivant de grille. Forcément, les batailles de boules de neige (à l’aller), et le concours de luge (au retour) ont fait fureur. Ce qui était vraiment drôle c’est que personne n’avait de chaussures étanches, ni encore moins de pantalons en toile. Et je peux vous dire que faire de la luge sans luge et en jean c’est assez cocasse! En outre, la vue était bien sur époustouflante. J’avais encore une fois de la chance, le soleil brillait, les lacs étaient purs, et le ciel était si clair qu’on pouvait voir au loin jusqu’aux montagnes situées dans l’état de Victoria voisin.

Enfin, nous sommes arrivés au sommet et avons pu vérifier que nous étions bien au point culminant du pays. Quoique, en regardant la montagne d’en face, nous avions vraiment l’impression qu’elle était plus haute que nous… Nous aurait-on menti à l’insu de notre plein gré? Eh bien non, mais l’histoire est assez cocasse. Il se trouve que, pour des raisons d’optique, le Mont Townsend (en face) semble plus grand que le Mont Kosciuszko (que nous venions de gravir). En fait, cela semble tellement évident que pendant plus d’une centaine d’année tout le monde en était convaincu, et que tous les écoliers Australiens apprenaient que le Mont Kosciuszko était le plus haut du pays. Euh, une minute, on n’a pas dit que c’était justement le Mont Townsend qui paraissait le plus haut à l’époque? Et bien si, mais il se trouve qu’à l’époque celui-ci s’appelait… Kosciuszko! Et que le mont Kosciuszko actuel s’appelait Townsend (vous avez le droit de relire). Simplement, pour éviter d’avoir à changer tous les manuels d’Australie, les géographes ont tout simplement échangé les noms des montagnes pour que la plus haute montagne soit bien le Mont Kosciuszko et que la 2ème plus haute soit toujours le Mont Townsend. Le plus drôle dans tout ça, c’est que la différence est minime: à peine 50cm selon le guide (!), un peu plus selon wikipedia, mais qu’entre la poussée des montagnes et l’érosion il se pourrait bien que l’actuelle 2ème montagne repasse un jour devant la première. Sans même compter sur un facteur exogène: les alpinistes, mécontents du fait que l’actuel Mont Townsend soit plus petit que l’actuel Mont Kosciuszko (beaucoup plus accessible au commun des mortels), ont décidé que cela ne pouvait pas durer. Du coup, chaque personne gravissant la montagne emporte avec lui un petit rocher qu’il dépose en haut du sommet, de façon à ce qu’il finisse par redépasser sa rivale de toujours! Ou comment tous en perdre notre latin…

L’après midi, nous nous sommes enfoncés profondément dans l’une des rares parties de l’Australie couverte de forêts. L’état des routes (ou plutôt des pistes!) rendait le voyage un peu pénible, mais les paysages étaient toujours magnifiques. En plus de cela, nous avons vraiment roulé pendant des heures sans voir âme qui vive, et avons par contre commencé à apercevoir des animaux. C’est là que j’ai vu pour la première fois des kangourous sauvages! Des bêtes magnifiques mais méfiantes, s’éloignant de quelques dizaines de mètres dès qu’elles entendent du bruit. Il faut dire que les kangourous sauvages sont encore aujourd’hui chassés pour le viande…

Après avoir passé la nuit à Lakes Entrance, une petite ville côtière, nous avons commencé notre dernière journée par un aperçu du système très particulier des lacs de la région. Ceux-ci étant très proche de la mer, et communiquant avec elle par certaines petites avancées, leur eau est un mélange assez étonnant d’eau douce et d’eau de mer. En outre, grâce au temps exceptionnellement clair, nous sommes également parvenu à apercevoir les champs pétrolifères au large des côtes, et leur plate-forme de pompage posée sur les eaux en plein milieu de nulle part.

Peu après, nous avons fait une halte dans la ville de Foster. Cette petite ville est connue dans le monde entier grâce à la bière éponyme. Pendant que tout le monde partait chercher à manger, je me suis donc mis en quête d’une bonne bouteille de Foster pour fêter ça. J’y suis finalement parvenu (photos à l’appui!), mais ce fut long et compliqué. En effet, la Foster semble faire partie de ces coups marketings géniaux s’appuyant sur l’image d’un pays pour faire vendre à l’étranger, sans avoir de place importante sur son marché domestique. De fait, si tout bon bar en Europe propose de la Foster sous une affiche vantant ses origines Australiennes, la plupart des Australiens n’en ont jamais bu ou – pire – jamais entendu parler! En revanche, beaucoup d’Australiens connaissent Foster pour être la ville d’où a débuté la ruée vers l’or. C’est en effet dans le coin qu’on été trouvée les premières pépites d’importance, lançant la grande aventure de l’extraction minière en Australie, et l’explosion de la population de l’état de Victoria.

Une fois quitté Foster, l’heure était venue de faire plus ample rencontre avec les animaux emblématique de l’Australie. Un peu plus loin, nous sommes ainsi tomber par chance sur une bande d’émou, ces fameux oiseaux ressemblant à une autruche en deux fois plus petit. Ces animaux ont la particularité d’être très curieux, et cela a d’ailleurs failli causer leur perte. En effet, quand les aborigènes ont débarqué en Australie (depuis l’Indonésie il y a 40 000 ans), ceux-ci ont abondamment chassé les animaux qui s’y trouvaient, et en particulier les plus faciles à attraper. Or, contrairement aux kangourous par exemple, il suffisait d’exciter la curiosité des émous pour qu’ils s’approchent tout seul, par exemple en se mettant sur le dos et en tournoyant les jambes en l’air,! Une proie facile donc…

Après les émous, nous avions rendez vous avec des kangourous. Ceux-ci étaient sauvages également, mais ils étaient habitués aux hommes, en l’occurrence les chercheurs de l’université de Melbourne, et ils se sont donc laissé approcher assez près. Outre leur bonne bouille qui les rend connus et aimés dans le monde entier, les kangourous sont en effet des animaux fascinant du point de vue zoologique. L’Australie ayant été coupée du reste du monde pendant des millions d’années, ces animaux endémiques sont extrêmement différents de ce que l’on peut trouver ailleurs. Ici, les mammifères ne sont pas les maîtres, mais ce sont les marsupiaux, ces animaux qui terminent leur croissance dans une poche située au bas du ventre de leur mère. Il en existe de toutes sortes, du plus grand au plus petit, mais c’est bien sur le kangourou qui en est le plus emblématique. En plus de leur caractéristiques inhabituelles, les animaux australiens sont des merveilles de créativité pour s’adapter aux conditions semi-désertiques de leur environnement. Par exemple, pourquoi les kangourous sautent-ils ainsi plutôt que de marcher? Aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est que c’est la façon de se déplacer dépensant le moins d’énergie. En sautant ainsi, et en rebondissant en permanence sur leurs 2 pattes arrières dont les hanches sont soudées entre elles, le kangourou économise près de 50% de calories par rapport à un quadrupède sur la même distance! Ce jour là, nous avons eu la chance d’approcher à 10m un groupe d’une quinzaine de kangourous, dont certains dormaient, d’autres broutaient, et le reste nous regardaient d’un air curieux. Un magnifique moment…

Un peu plus loin, nous sommes tombé sur un autre exemple d’incroyable adaptation, le Koala. Vivant exclusivement dans la forêt, le koala est vraiment un animal atypique. Il vit dans les arbres, et dort plus de 18h par jour (il y en a qui ont de la chance…). En plus de cela,il s’agit de l’unique espèce animale dont le cerveau ne remplisse pas la totalité de la boite crânienne, comme si le koala avait délibérément choisi d’être plus bête qu’il ne pouvait l’être. Comment expliquer une telle aberration? Pour le comprendre, il faut savoir que le koala se nourrit exclusivement de feuilles d’eucalyptus. Or, celles-ci sont très pauvres en énergie, et le koala doit donc limiter au maximum ses mouvements et son activité cérébrale (20% des dépenses d’énergie chez les humains). Dès lors, le koala passe le plus clair de son temps à dormir, se déplace à la vitesse d’un escargot, mange, et se rendort. Pas besoin de beaucoup réfléchir pour faire ça, d’où l’atrophie de son cerveau… Par chance, le koala que nous avons vu était bien réveillé, a mangé une feuille, et s’est même déplacé de 40cm pour aller chercher une nouvelle branche. Ou comment jeter ses dernières forces avant la sieste!

Un peu plus tard, nous sommes arrivés au lieu de randonnée de notre journée. Et quel lieu! Car la « squeaky beach » comme elle s’appelait (littéralement la plage qui grince), avait vraiment tout de l’endroit rêvé. Pour y accéder, nous avons tout d’abord traversé une petite rivière par endroits très claire et par endroit marron très foncé. Devant nos têtes intriguées, le guide nous a expliqué que la couleur n’était pas due à la pollution, mais aux substances contenues dans les épines des arbres longeant la rivière. Arbres que les locaux ont dès lors baptisé les « arbres à thé »! Un peu plus loin, nous avons grimpé une colline recouverte de ces fameux pins, puis nous sommes descendu doucement vers la plage. Le paysage était sans doute l’un des plus beaux que je n’ai jamais vu de ma vie. La grande plage de sable blanc au milieu de la baie, les rochers le long des pointes, les îles que l’on apercevaient au loin, l’odeur des pins, etc. Et le bleu de la mer, ou plutôt les bleus, allant du turquoise des Caraïbes à l’indigo, selon l’endroit et le mouvement des vagues. Ces vagues grandes et puissantes à faire rêver tous les surfeurs! Bref, on vrai coin de paradis, que les photos ne pourront rendre qu’imparfaitement. Un coin de paradis de surcroît vierge de toutes construction humaine et où nous étions pratiquement seuls… D’ailleurs, même moi dont la plage n’est pas l’activité préférée, je serai bien resté quelques jours à regarder béatement cette immense étendue… Cependant, après une petite heure, il était temps de rentrer au bus. Melbourne nous attend!

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3 Responses »

  1. Koala is the new furby.

  2. mais Ya rien de plus vrai que le Pico de Aneto ! tout de même !

  3. Courage basile… un dernier (gros) effort pour clore cette superbe exploration du monde.. On a hate de lire l’histoire jusqu’au bout !

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