Passer d’Helsinki à Tallinn est assez simple, du moins en apparence. Les 2 villes ne sont distantes que de 80km par la mer et, quand celle-ci n’est pas gelée, de nombreux ferrys font la navette en permanence. Il paraît qu’au coeur de hiver certains font la traversée à ski, mais (mal)heureusement le climat était encore assez clément pour y aller en bateau.
Après une recherche un peu chaotique de ces fameux ferrys, je me suis donc retrouvé dans un hydrospeed rouge vif faisant la liaison en moins d’1h30. Et c’est là que les choses se sont compliquées, du moins pour mes voisins. J’avais été prévenu que le parcours provoquait un fort mal de mer (merci Blanche), et j’en ai rapidement eu la preuve. Un ado Finlandais à ouvert le bal de la « course vers les toilettes » 15mn à peine après le départ, bientôt suivi par une part non négligeable des autres voyageurs. De mon côté, je suis resté le nez plongé dans le Lonely Planet et, s’il ne m’est rien arrivé, je dois avouer que je n’étais pas mécontent que la traversée se finisse…
Arrivé à Tallinn, mon premier contact avec l’Union Soviétique fut assez particulier. Le microscopique port était glauque à souhait, et le bus qui devait nous amener au centre ville était bien entendu introuvable. Tout le monde s’est donc résolu à grimper les marches du blockhaus de 30m de haut qui nous séparait de la ville, ce qui avec les bagages fut un vrai plaisir. Néanmoins, ce blockhaus eut un double avantage. D’une part, il a rappelé aux arrivants qu’en URSS la guerre (et ses préparatifs) avait fait parti de la vie quotidienne des habitants jusque il y a 20 ans à peine. D’autre part, il m’a permis d’admirer la tête désespérée de touristes japonais empêtrés dans leurs sacs Vuitton en train d’escalader (et redescendre) ce fameux blockhaus. Cela a été, je dois l’admettre, l’un des moment forts de mon séjour à Tallinn!
Arrivé en ville, l’auberge était remplie de jeunes Australiens, très roots et très sympas, mais dont personne ne comprenait rien quand ils se parlaient entre eux. D’ailleurs, même le propriétaire était un Australien! C’est un peu ça la magie des auberges de jeunesse, parfois on se demande bien comment les gens qui s’y trouvent ont pu atterrir là…
Le centre de Tallinn est un vrai petit bijou. Ou, si l’on est cynique, un vrai petit Disneyland. Tout y est mignon, bien ordonné, propre, etc. Mais que c’est petit ! Bien plus petit que Disneyland d’ailleurs… Il faut dire que tout est petit en Estonie: la superficie (= 2 départements français), la population (autant qu’à l’Ile Maurice), la capitale (400 000 habitants), etc. En revanche, l’Estonie n’en reste pas moins un pays qui compte. Résolument tournée vers l’avenir, l’Estonie est devenue en quelques années l’une des principales « success stories » de l’intégration européenne. L’une des raisons de ce spectaculaire rattrapage est assez amusante: Tallinn était en effet si proche de la Finlande que les Soviétiques n’ont jamais réussi à brouiller la télévision
finlandaise. L’estonien étant assez proche du finnois, les habitants ont ainsi pu «suivre» l’évolution de la vie à l’Ouest pendant toute l’occupation. Quand le mur tomba, les Estoniens savaient ce qu’ils devaient faire pour se moderniser, et purent dès lors le faire à marche forcée. Et cette modernisation ne se résume pas aux malls à l’occidentale et aux gratte-ciels de verre et d’acier qui jouxtent la vieille ville. Les Estoniens sont passés directement à la case high-tech, si bien qu’il est désormais possible de capter un réseau Wi-fi (parfois gratuit) presque partout dans la ville. J’ai même pu profiter d’une connexion haut débit durant tout mon voyage entre Tallinn et Riga! Pas étonnant que des entreprises à la pointe des services internet comme Skype et Kazaa aient été conçues ici.
Les Soviets auraient-ils donc disparus en Estonie? Bien sur que non. Le pays avance vite, certes, mais tout le monde ne suit pas forcément. Une fois passés les murs de la vieille ville et les gratteciels, Tallinn est beaucoup plus hétérogène. Le long des parcs certaines maisons ont été rénovées, et elles donnent un vrai charme à la proche banlieue. Mais, si c’est Véolia (dédicace GIPG) qui s’occupe des ordures de tout le quartier, la plupart des immeubles sont vieux et sales, et rappellent le cauchemar architectural de l’Union Soviétique. J’ai d’ailleurs déniché au milieu de tout cela une pépite de salon de thé, sorti tout droit de l’URSS, et répondant au doux nom de Narva Kohvik. Les couleurs y alternent entre le bordeaux fade et le vert hideux, le service est stalinien (tout comme les petites vieille qui y discutent), et les meubles semblent venir directement des années 50. Seule concession à la modernité: l’inénarrable Wi-fi !
Transition réussie donc pour la minuscule Estonie, même si effacer des siècles d’occupation russe puis soviétique prendra sans doute encore des décennies. Mais qu’en est-il alors pour la Lettonie, pays connu pour être le plus pauvre de l’Union Européenne avant l’entrée de la Roumanie et de la Bulgarie? C’est ce que je m’apprête à découvrir à Riga.
Qui a osé dire que ça ressemblait à Disneyland ??
une pépite de salon de thé ; j’aime
Special dedicace!!
Je sais que je te l’ai racontée mille fois, l’histoire de la provenance de ta chaise haute quand tu étais bébé… elle était ancienne, en bois sculpté, avec une rose gravée sur le dosier, style le film « Rose bud »… et elle avait été fabriquée là où tu te ballades en ce moment, dans ces pays d’avant l’ Urss. Et ça me paraissait si étrange, si magique, à l’époque de la fin de la guerre froide… Sans doute que de poser tes jolies fesses roses sur un objet aussi précieux t’a donné des ailes de Reporter des forêts et des steppes lointaines… Qui sait ?