Banner
9.3 – Chili – Santiago
This is my site Written by admin on 26 août 2017 – 14 h 45 min

Du reste de mon séjour au Chili, je ne me rappelle que de quelques évènements drôles ou marquants. Je me souviens ainsi de mon trajet de bus entre l’aéroport et le centre ville. A l’époque, cela avait juste été un trajet comme les autres, mais une anecdote d’un professeur de l’INSEAD un an plus tard lui a rétrospectivement donné un peu de piment.

Le Chili est en effet un pays notoirement connu pour son libéralisme économique. Le pays en a tiré une forte croissance, mais aussi de profondes inégalités et quelques situations cocasses. Le trajet Aéroport -> Centre Ville en est un. Il y a quelques années, les responsables d’une compagnie de bus ont décidé de responsabiliser leurs chauffeurs, et leur ont donné un fort pourcentage sur les recettes des passagers. Les managers espéraient sans doute que les chauffeurs allaient arrêter de prendre des passagers sans ticket, et qu’ils seraient plus réguliers pour éviter de perdre des clients. Les chauffeurs ont effectivement commencé par faire la chasse aux resquilleurs, comme ce qui était prévu. Puis, pour tenter de gagner encore plus, ils ont commencé à conduire plus vite. Avec le temps gagné, ils faisaient plus de rotations, et engrangeaient plus de revenus. De même, ils affichaient un temps de parcours plus rapide sur les prospectus de publicité qu’ils distribuaient, drainant ainsi des clients supplémentaires. En théorie, tout le monde était gagnant, et les Chicago Boys pouvaient pavoiser.  Cependant, la vie ne se passe pas toujours comme dans la tête de ces économistes, Milton Friedman en tête, qui aidèrent le Général Pinochet à libéraliser l’économie chilienne dans les années 1970. En effet, quiconque est déjà monté dans un bus en Amérique Latine sait que si le chauffeur décide de conduire plus vite, ce n’est pas forcément une bonne idée. C’est même du suicide ! En l’occurrence, après une explosion du nombre d’accidents provoqués par les navettes de l’aéroport, ces incitations ont été abandonnées. La poursuite du profit n’empêche pas d’avoir un peu de bon sens, heureusement pour moi qui ai été amené à fréquenter ces navettes quelques temps plus tard !

Quand je pense au Chili, je me rappelle également d’un autre trajet de bus, celui entre Santiago et Valparaiso. Au cours des 2 heures de voyage séparant ces 2 villes, je me souviens des films qui tournaient en boucle dans le bus. Certes, c’est assez commun de faire patienter les passagers avec une petite vidéo, mais j’ai été assez marqué par les contenus de ces films. En 2003, lors des interminables trajets que j’avais effectués au Pérou, les films projetés s’appelaient Shark Attack 3, ou Miss Détective, et tout le monde semblait apprécier ces films américains de série B. Cette fois-ci, les films proposés avaient beau être également américains, leur contenu n’avait pas grand-chose à voir. C’était en effet des sortes de films évangélistes, où l’intrigue ramenait invariablement vers un pasteur qui faisait redécouvrir leur foi aux personnages principaux. J’avais d’ailleurs déjà été confronté à ce type de films lors de trajets en bus entre Belize et le Mexique. Serait-ce une nouvelle tendance, ou bien cela a-t-il toujours été comme ça aux Amériques ? Toujours est-il que c’est vraiment surprenant pour un Européen…

Au delà de ces anecdotes sur les bus, il y a au moins 2 choses dont je me souvienne bien lors de mon séjour à Santiago. L’une d’elles concerne la culture (au sens où tout le monde l’entend), et j’aurais presque pu ne pas être physiquement présent pour en profiter. En effet, malgré les kilomètres parcourus dans la ville à pied, les fontaines photographiées, les ponts traversés, les observatoires escaladés et les escaliers grimpés, rien ne m’a véritablement marqué dans les rues de la ville. Certes, Santiago est une grande ville (5 millions d’habitants, soit 30% de la population du Chili) nichée dans une vallée entourée de montagnes et de volcans des Andes. Cependant, la ville a principalement grandi à l’américaine, c’est-à-dire de façon assez anarchique et en juxtaposant les bâtiments sans charme dans un sprawl continu. Pas grand-chose n’a donc égayé mon ennui, jusqu’à ce que je trouve enfin (après 1h de recherche et 5 tours de la Grand-Place) le Musée Historique National.

Vous savez sans doute à quel point j’aime l’Histoire, tous ces petits et grands évènements qui nous permettent de mieux comprendre le présent. Le musée retrace magnifiquement cette épopée qu’a été la construction politique de l’Amérique Latine, de la colonisation aux multiples indépendances, en passant par les rêves d’unification du continent. Plus intéressant encore, au Musée Historique National, l’Histoire se termine en 1973. Il faudra donc repasser plus tard pour comprendre quel regard les Chiliens porteront sur les près de 40 ans écoulés depuis le coup d’état où Pinochet prit le pouvoir. Mais les images parlent parfois mieux que les mots, et la présentation des lunettes brisées de Salvador Allende (président socialiste en Occident à être parvenu au pouvoir par des urnes) sur le dernier pupitre du musée vaut bien toutes les explications.

DSCN2463

Posted in  

Leave a Reply