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9.2 – Chili – Valparaiso
This is my site Written by admin on 26 août 2017 – 14 h 41 min

Ce séjour au Chili ne fait pas partie de mes meilleurs souvenirs. Comme expliqué, je n’ai que très peu dormi (3 ou 4 heures par nuit pendant 5 jours), et j’étais vraiment épuisé. J’avais du coup beaucoup de mal à parler en espagnol, ou à profiter des visites, et j’ai passé une grosse partie du temps à bouquiner à l’auberge ou à rattraper un peu de retard sur mon blog.

De plus, le Chili est le seul pays qui m’ait un peu déçu. Il est vrai que j’étais arrivé avec des attentes un peu élevées. Quand j’avais coché le Chili sur ma liste de destinations, une foule d’images m’étaient venues en tête. Mon premier contact avec le microcrédit, en prépa, où on m’avait décrit les bidonvilles de Santiago comme des pionniers de la microfinance. Les récits de Pia ensuite, une amie à moitié chilienne qui revenait des étoiles plein les yeux de ses vacances dans le pays de sa mère. L’histoire de mes parents, enfin, qui avaient failli racheter une scierie au Chili, et partir s’installer là bas.

Et en plus de cela, le Chili c’était pour moi un pays un peu magique. Quand on aime la géographie, il est difficile de ne pas être fasciné par un pays de plus de 4 200km de long, et dont la portion la plus large ne dépasse pas les 350km. Vu de haut, le pays ressemble ainsi à une grande histoire d’amour avec la côte Pacifique, qui se languit trop de l’Océan pour affronter les premières pentes de la Cordillère des Andes. Un pays rejoignant le Salar de Uyuni au Nord, la Terre de Feu au sud, et dont une grande partie est constituée de grands espaces quasi vierges ne pouvait que me faire rêver.

Las, le Chili ne m’a rien donné de cela. Il faut dire qu’y passer 5 jours, c’est à la fois trop pour rester à Santiago, et trop peu pour partir à l’aventure au nord ou au sud. C’est le seul endroit où j’ai sous-estimé la fatigue et les distances, et surestimé les choses à faire. J’en ai eu l’intuition quelques jours avant, et j’ai essayé de remplacer ce séjour à Santiago par mon grand rêve de visite du Salar de Uyuni. C’était cependant vraiment trop compliqué, et j’en suis resté à mon plan initial.

Mon séjour fut malgré tout très intéressant. Je me suis tout d’abord rendu à Valparaiso, une petite ville côtière proche de Santiago. Je dis petite ville car elle dépasse à peine les 260 000 habitants, mais il faut savoir que c’était jusqu’il y a peu la 2ème ville du pays! Au Chili, comme dans de nombreux autres pays, la capitale avale tout, et les villes secondaires ne font que de la figuration. Dans les récits qu’on m’avait faits, Valparaiso était pourtant une destination incontournable au Chili. Pour son port déjà. En effet, la ville a longtemps été le l’escale obligée pour le trafic entre les côtes Atlantique et Pacifique des Amériques, permettant le ravitaillement des bateaux qui passaient par le détroit de Magellan. Pour cette raison, l’ouverture du Canal de Panama en 1914 a porté un coup terrible à la ville, le port perdant là une partie substantielle de son activité.

Mais si la ville s’est quelque peu endormie, elle n’en détient pas moins encore une place importante à l’échelle du pays. Tout d’abord, Valparaiso c’est avant tout le « port de Santiago », l’endroit où les élites aiment venir prendre l’air du Pacifique. Valparaiso, c’est aussi en quelque sorte la ville des personnages célèbres. Par un hasard funeste, c’est en effet ici que son nés à la fois le général Pinochet et Salvador Allende. De plus, s’il n’y est pas né, Pablo Neruda est associé à la ville dans la tête de beaucoup de touristes. La maison qu’il y possédait a été transformée en musée, et est aujourd’hui l’une des principales attractions culturelles de Valparaiso. Je l’ai d’ailleurs visitée avec Rita et ses amis, et cela nous a permis de plonger dans l’histoire chilienne du XXème. Autre point qui m’a marqué, j’ai réussi à économiser les quelques dollars de l’entrée grâce à une fausse carte étudiante, qui m’avait été donnée par un voyageur Ukrainien rencontré en Ouzbékistan. Autant dire que je ne lui ressemblais pas du tout sur la photo, mais je suppose que ma barbe a du convaincre la fille de l’accueil. C’était mal, mais c’était drôle, et le petit plaisir d’avoir réussi mon coup valait d’ailleurs bien plus que les quelques sous économisés.

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Enfin, l’aspect le plus sympa de la maison était sans conteste sa vue. Perchés sur une colline, nous pouvions en effet contempler l’ensemble de la ville et de ses maisons colorées. Car c’était surtout ça la beauté de Valparaiso. Une ville construite sur des coteaux plongeant vers la mer, et dont beaucoup de maisons étaient peintes de couleurs vives. Une ville où l’on se déplace beaucoup en ascensores, ces funiculaires qui partent à l’assaut des pentes trop raides, et qui permettent souvent aux habitants de rentrer chez eux après le travail. Certes, on me l’avait un peu survendu, et c’était un peu difficile de profiter des aspects pittoresques de la ville alors que la pauvreté et la saleté étaient visibles à tous les coins de rue. Néanmoins, cela valait le coup de venir jusqu’ici, ne serait-ce que pour y lire la description qu’en fait Pablo Neruda dans son Oda a Valparaiso :

Valparaíso

qué disparate eres,

qué loco,

puerto loco,

qué cabeza con cerros,

desgreñada,

no acabas de peinarte,

nunca tuviste tiempo de vestirte,

siempre te sorprendió la vida,

te despertó la muerte,

en camisa,

en largos calzoncillos

con flecos de colores,

desnudo con un nombre

tatuado en la barriga,

y con sombrero,

te agarró el terremoto,

corriste enloquecido,

te quebraste las uñas,

se movieron

las aguas y las piedras,

las veredas,

el mar,

la noche,

tú dormías en tierra,

cansado de tus navegaciones,

y la tierra,

furiosa,

levantó su oleaje

más tempestuoso

que el vendaval marino,

el polvo te cubría los ojos,

las llamas quemaban tus zapatos,

las sólidas casas de los banqueros

trepidaban como heridas ballenas,

mientras arriba las casas de los pobres

saltaban al vacio

como aves prisioneras

que probando las alas

se desploman.

Pablo Neruda

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