La première (vraie) étape de mon tour du monde fut donc la Finlande et, si je n’ai passé qu’une journée à Helsinki, j’en garde un excellent souvenir. Sous des faux airs de bourgade de province, la ville cache de nombreux atouts. Tout y est bien organisé sans être étouffant, tout y est propre sans être aseptisé, et le design à la Scandinave y est omniprésent. Tout y est cher aussi: l’auberge de jeunesse (25 euros dans un dortoir à 6), le McDo (6 euros pour un burger), etc.

En revanche, se balader dans la ville par une belle journée d’octobre y est tout à fait délicieux. Pour profiter de toute la vue d’un coup j’ai grimpé la tour du stade Olympique, et cela en vaut vraiment la peine. Surnommée la « princesse de la Baltique », la ville semble se lover autour d’un bras de mer s’avançant jusqu’au centre, tout en s’étendant sur une série de petites îles et presqu’îles aux alentours. Les couleurs de l’automne rendent tout magnifique: les arbres, les baies, les lacs, etc. C’est aussi de haut que l’on se rend compte de la modeste taille de la capitale (500 000 habitants seulement), et de l’extrême platitude des alentours. C’est à ce moment que j’ai rencontré Ofir, un étudiant israélien. En 15mn je savais tout de sa vie, de son copain Finlandais rencontré en Erasmus à ses études de Philosophie. La facilité avec laquelle nous sommes rentrés en contact (il m’a accosté en pleine rue) montre à quel point il est facile de faire des rencontres lorsque l’on voyage seul, et j’en ai d’ailleurs eu la preuve tous les jours depuis lors.

Le soir, j’ai diné avec Eija, la cousine d’un ami finlandais d’Erasmus, Aapo. Après un verre avec vue sur tout Helsinki de nuit, nous avons diné dans un restaurant traditionnel et disserté sur les rapports entre Russes et Finlandais. Justement, que font les soviets dans tout ça? Certes, la Finlande n’a jamais fait partie de l’Union Soviétique, mais la Russie ne sera jamais pour les Finlandais un voisin comme les autres. En effet, jusqu’à la fin de la première guerre mondiale, la Finlande faisait partie intégrante de l’Empire Russe, et n’a conquis son indépendance qu’en 1917, profitant de la déroute de l’armée du Tsar. Si la Russie semble un sujet lointain ici, il suffit ainsi de creuser un peu pour se rendre compte de l’influence restante. Helsinki en est un bon exemple. La ville doit en effet son statut de capitale aux Russes, qui en dépossédèrent Turku (plus à l’ouest) pour l’attribuer à une ville plus proche de Saint- Pétersbourg et donc plus facilement contrôlable. Par la suite, la 2ème guerre mondiale a durablement traumatisé les Finlandais. De fait, la Finlande a du se résoudre à perdre une large bande à l’est de son territoire au profit de l’Union Soviétique. Pour les Finlandais de ces régions (comme la grand mère d’Eija et d’Aapo), expulsés de chez eux et remplacés par des colons russes, le ressenti est toujours vivace. Outre cette blessure profonde, et – comble du comble – les réparations astronomiques que les Finlandais ont du payer à l’URSS une fois la paix revenue, cet épisode de la 2ème guerre mondiale explique pourquoi la Finlande a tenu à être le plus neutre possible au cours de la guerre froide. Par peur de son puissant voisin (50 fois plus peuplé à l’époque) tout comme par intérêt économique, les Finlandais n’ont ainsi rejoint l’Union Européenne qu’en 1995, après l’explosion de l’URSS.

Union Soviétique qu’il me tarde désormais de rejoindre…