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8.6 – Nouvelle Zélande – Auckland
This is my site Written by admin on 26 août 2017 – 14 h 10 min

En prenant l’avion pour rallier Auckland depuis Christchurch, j’ai eu une dernière fois l’occasion de profiter des beautés naturelles de la Nouvelle Zélande. Grâce à un temps relativement clair, j’ai pu admirer depuis le hublot la partie Nord de l’Ile du Sud, le détroit la séparant de l’Ile du Nord, et des montagnes rappelant le mont Fuji.

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En quittant l’Ile du Sud, plus grande que celle du nord mais 3 fois moins peuplée, je quittais à regret la Nouvelle-Zélande « mythique », celle des montagnes majestueuses et des paysages polaires. Du coup, je m’étais fait un petit plaisir avant de partir. Dans une petite librairie de Christchurch, j’avais déniché ce qui est devenu l’un de mes livres fétiches : le guide Lonely Planet sur l’Antarctique. Je quittais ainsi le Grand Sud avec cette promesse de retour, et ce rêve d’une expédition sur le « 6ème Continent » est devenu l’un de mes nouveaux objectifs.

Ceci étant, j’étais également heureux de rejoindre Auckland, cette ville qui symbolise la Nouvelle-Zélande moderne. Car même coupé du monde, le pays avance et se développe. Pour en rendre compte, la statistique le plus drôle concerne le nombre de moutons par habitants. L’année de ma naissance (il y a 30 ans), le pays comptait 70 millions de moutons (!) pour seulement 3 millions d’habitants, soit un ratio de 22 moutons par habitants. Ce chiffre semble à peine croyable, surtout pour un pays développé. En 2004, sous l’effet combiné de l’augmentation de la population et de la diminution du nombre de moutons, ce ratio est tombé sous les 10 moutons par habitants. Le pays est donc de moins en moins dépendant de « l’agneau néo-zélandais », si souvent critiqué lors de mes repas de famille (mais tellement moins cher), et se repose désormais plus sur l’industrie et des services.

Auckland en est d’ailleurs le meilleur exemple. Pour commencer, la ville est située dans un endroit magnifique, entourée par les volcans et quasiment ceinturée par la mer. En effet, Auckland est située sur un isthme, une langue de terre, large de moins de deux kilomètres, reliant la Péninsule de Northland au reste de l’île du Nord. Mais Auckland, c’est avant tout la capitale économique du pays, et sa ville la plus peuplée. C’est une ville où il fait bon vivre, où il pleut beaucoup mais où le soleil n’est jamais loin, et une ville qui a des choses à dire.

Sur le sport, déjà, c’est évident. C’est en effet à Auckland que se trouve, au pied du Volcan Eden, le mythique stade de l’Eden Park. C’est ici qu’a été inscrit « l’essai du bout du monde » donnant la victoire à l’équipe de France de rugby en 1994. C’est là aussi que les All-Blacks ont gagné leurs 2 coupes du monde, en battant à chaque fois la France en finale. C’est d’ailleurs en l’honneur de ce stade qu’à été créé la marque de vêtements « Eden Park ». Mais le sport à Auckland c’est aussi la voile. Etant l’une des rares villes au monde à avoir 2 ports naturels donnant sur 2 mers différentes, la Mer de Tasmanie à l’Ouest et l’Océan Pacifique à l’Est, Auckland détient le record mondial du nombre de bateaux par habitant. Les Aucklanders raffolent des sorties en mer, et sont redoutables dans les compétitions internationales. Le meilleur exemple est la triple victoire des Néo-Zélandais lors de la Coupe de l’America (1995, 2000, 2017), qui furent suivies de l’organisation de cette coupe dans la baie d’Auckland en 2000 et 2003. Lors de mon séjour, j’ai d’ailleurs pu approcher à quelques mètres du bateau néo-zélandais ayant participé à la Coupe de l’America dans les années 1980. Mieux, je l’ai même vu faire une sortie, et ai pu apprécier à quel point il était léger, vif et maniable.

America's cup

Sur le respect de l’environnement, Auckland est également en pointe. Comme dans le reste de la Nouvelle Zélande, j’ai vraiment été impressionné par la « green attitude » des habitants, et par les efforts des autorités en la matière. J’ai également passé un très beau moment à arpenter les allées d’une exposition en plein air sur Arthus Bertrand. Il s’agissait principalement de ses photos de « La terre vue du ciel », et entre leur grande taille et le soleil du printemps cela rendait vraiment très bien. Que la Terre semble belle, mais également fragile, quand elle est présentée ainsi…

Enfin, Auckland c’est avant tout une histoire d’hommes. Véritable aimant du pays, près de 30% de la population néo-zélandaise y habite déjà, et la ville continue à croître rapidement. C’est aussi une histoire de femmes, d’ailleurs, car c’est ici que celles-ci ont été autorisées à voter pour la première fois. Une fresque murale en rappelle la date, 1893, soit 4 ans seulement après l’instauration du suffrage universel masculin, et plus de 50 ans avant les Françaises (1945). Mais Auckland, c’est avant tout une mosaïque de peuples qui s’entrechoquent. Ainsi, les « Européens » ne représentent plus que 50% de la population, les « Asiatiques » sont près de 20%, tandis les « Maoris » et les « Polynésiens » représentent autour de 15% chacun. Car il existe une vraie différence entre les deux.

Les Maoris sont les descendants des premiers hommes établis en Nouvelle Zélande. Contrairement à une idée répandue, ils ne sont pas là depuis la nuit des temps. Leur arrivée remonte en effet uniquement au XIVème siècle, ne précédant la découverte du pays par les Européens « que » de 350 ans. La conquête de Aotearoa (Nouvelle-Zélande en maori) marque en fait l’achèvement de la colonisation des îles du Pacifique par les Polynésiens, partis de Chine et d’Asie du sud-est vers 3000 avant JC, et n’ayant conquis Tahiti et Hawaï qu’autour des années 700 à 900 après JC.

Les « Polynésiens », pour leur part, sont les habitants des îles voisines ayant immigré pour des raisons économiques après la conquête des Anglais. Ils sont donc génétiquement assez proches des Maoris, mais ne peuvent se réclamer de leur antériorité sur l’île. La politique d’immigration étant assez souple en Nouvelle-Zélande, ces « Pacific Islanders » sont de plus en plus nombreux à Auckland. Certaines de ces communautés dépassent d’ailleurs en nombre la population totale des îles d’où ils viennent, comme dans le cas des Îles Cook et des Îles Niue.

Les autres immigrés récents viennent plutôt d’Asie, Chine et Inde en tête, dont les communautés connaissent une croissance foudroyante. C’est ainsi que la seule Néo-Zélandaise de ma promo à l’INSEAD, Mythreyi, était née de parents immigrés depuis l’Inde. En tout, près de 25% de la population totale du pays est née à l’étranger, faisant de la Nouvelle Zélande l’un des pays à la plus forte population immigrée du monde.

Et cela ne va hélas pas sans poser quelques difficultés. Comme dans beaucoup de sociétés multiethniques, le poison des races n’en finit pas de créer des remous. Si le Néo-Zélandais fait d’ordinaire partie des champions de la zénitude, les choses se compliquent lorsqu’il s’agit de la cohabitation ethnique. Patricia (qui m’avait hébergé à Christchurch) m’a  ainsi raconté comment son père n’a plus jamais voulu parler à sa deuxième fille quand celle-ci s’est mariée avec un Maori. De même, les parents de Mythreyi ont mis 5 ans avant d’accepter qu’elle se marie avec un Néo-Zélandais blanc, et lui répètent encore aujourd’hui qu’ils n’auraient pas immigré en Nouvelle-Zélande s’ils avaient imaginé cela. Dans un autre registre, les Maoris et les Polynésiens mettent souvent leurs difficultés financières sur le compte des autres communautés, et demandent des aides supplémentaires. Ce à quoi ces autres communautés rétorquent souvent qu’il ne s’agit pas de discrimination et qu’il suffirait que les Maoris et les Polynésiens travaillent plus dur pour réussir. Ambiance…

Néanmoins, la forte immigration récente en Nouvelle-Zélande, les mariages « mixtes » de plus en plus fréquents, et les idées plus souples de la nouvelle génération laissent à espérer que ces problèmes de ghettoïsation finiront par se tasser. La petite sœur de Mythreyi, par exemple, ne compte pas du tout demander l’autorisation à ses parents si elle devait se marier avec un non-Indien.

Et puis, lorsqu’il s’agit de supporter les All-Blacks, toutes ces barrières disparaissent…

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