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3.4 – Inde – Bombay et Goa
This is my site Written by admin on 13 novembre 2010 – 5 h 22 min

 

Mon départ pour Goa se fit une fois de plus aux aurores, dans le compartiment 3ème classe d’un train bondé. Arrivant dans le compartiment à 6h30 du matin, les autres passagers étaient à peine en train de se réveiller et de rabattre les couchettes pour en faire des sièges. Le voyage m’a permis de découvrir l’une des régions les plus vertes de l’Inde. Le chemin était vallonnée, la température tropicale, et l’eau abondante. J’ai même pu voir – complètement par hasard – des cascades immenses et impressionnantes. Dès lors, il n’est pas étonnant que la végétation soit luxuriante, mais cela change significativement des indiennes régions semi-désertiques telles que le Rajasthan. Et ce n’est pas la seule surprise que j’ai eue dans ce train. Tout a commencé lors d’un arrêt au milieu de nulle part. En France, le conducteur de la SNCF demande instamment à tous les voyageurs de ne pas descendre du train, mais pour les Indiens la question ne se pose même pas. A peine arrêté, le train se vide du tiers de ses passagers, qui envahissent aussitôt les voies d’à côté. Mais le plus drôle reste le redémarrage du train. Celui-ci n’étant nullement annoncé, les passagers descendus se ruent vers les portières qui commencent à avancer, obligeant les derniers (dont moi!) à courir pour attraper une échelle au vol. Cet épisode m’a également permis de rencontrer Paul, un Australien super sympa, qui m’a invité au match de cricket entre l’Inde et l’Australie le lendemain à Goa. Malheureusement le match a été annulé (pour cause de pluie plus de 24h auparavant!), mais j’ai pu me joindre aux discussions enflammées sur le cricket entre Paul et tous les Indiens qui passaient par là, et cela valait le détour. Comme l’a dit Gautam, un Indien de l’INSEAD rencontré à Bombay, il est impossible de comprendre l’Inde sans avoir fait 3 choses: manger avec ses doigts, participer à une fête indienne (mariage ou fête religieuse) et assister à un match de cricket. De même, il est impossible de comprendre Goa sans aller à la plage, et si je ne l’ai fait qu’en coup de vent ça valait vraiment le coup. La mer est chaude, les activités sont multiples, la nudité (= le fait d’être en maillot de bain) y est beaucoup mieux toléré qu’ailleurs, et les plages de sable blanc avec cocotiers drainent des charters entiers d’Anglais et de Suédois. En bonus, j’ai également eu un rappel que les Indiens ont le sang chaud: après une banale dispute sur la plage entre 2 touristes Indiens, une sorte de bagarre géante a éclaté, créant un attroupement monstre et une agitation assez impressionnante! 

Le soir, départ pour Bombay en train de nuit. Une fois de plus, passer 12h dans un compartiment de 3ème classe est à la fois assez dur (cette fois j’ai vu un petit rat sous ma couchette), mais également l’une des meilleures façons de parler avec des Indiens. Au cours du voyage, une dizaine d’ado Indiens habitant dans l’état de l’Uttar Pradesh m’ont harcelé de questions sur moi, la France, etc. C’était des Chrétiens (qui sont 2% en Inde), et ils étaient à la fois vifs et très curieux. Et ils m’ont appris une foule de chose sur l’Inde! 

Le lendemain, je suis arrivé à Bombay par le Victoria Terminal, celui qui a été frappé les attaques terroristes de 2008. Eh bien, même à 5h du matin, la gare semblait remplie à ras bord! Pour le logement, direction Colaba, la pointe de la presqu’île où se trouve Bombay. Ou plutôt, l’une des 7 îles constituant initialement la ville, le reste (60%) ayant été conquis sur la mer au fur et à mesure, en utilisant les déchets des anciens habitants comme remblai. Ah Bombay… l’une des villes les plus folles, les plus vibrantes, et les plus fascinantes du monde. Une mégapole de plus de 20 millions d’habitants tellement cosmopolite (i.e. constituée de migrants de toute l’Inde) qu’il s’y est créé depuis quelques dizaine d’années une nouvelle langue, savant mélange d’hindi, d’anglais, et d’un peu de tout. Une ville pleine de travailleurs acharnés, de gangsters, de bidonvilles et de millionnaires. Et de stars du cinéma! Car en plus d’être la capitale économique de l’Inde, Bombay est également LA capitale mondiale du cinéma, produisant chaque année plus de films que Los Angeles. Dès lors, il n’est pas étonnant que la chasse au stars de Bollywood soit l’un des passe-temps favoris des habitants de « Mumbai ». 

Ces habitants, comme on vient de le voir, sont très nombreux et extrêmement divers. En à peine 4 jours, je suis passé des dorures d’un mall aussi luxueux qu’à Dubai au plus grand bidonville du monde, en passant par des innombrables terrains de cricket et des trains de banlieue remplis au delà de l’entendement. 

Le premier soir, j’ai fait la rencontre de Rahul et de Gautam, tous deux admis à l’INSEAD. Comme Gautam et moi étions au sud de Bombay et que Rahul était vers le centre, nous nous sommes retrouvés un peu entre les deux. Bilan: 1h de voiture pour traverser juste un petit bout de la ville. Et encore, Gautam, qui vient d’une famille aisée, est venu me chercher avec son chauffeur pour aller jusqu’au restaurant! En tous cas, ces 2h aller / retour passées avec lui ont été extrêmement enrichissantes, tout comme l’a été le dîner. J’ai ainsi pu discuter de tas de choses avec eux sur le marché des infrastructures en Inde (dans lequel travaillait Rahul!), et de la situation de KPMG Inde (où travaille Gautam!), et sur la vision que la classe dirigeante indienne a de son pays. Leur optimisme tranche bien évidemment avec la morosité française, mais ils sont également très lucides sur les tâches titanesques qui attend l’Inde dans les années à venir, en particulier les problèmes de logement et d’infrastructure. 

Le deuxième jour, j’ai fait une grande ballade à pieds dans le sud de la péninsule, et j’ai visité le bidonville de Dharavi. Celui-ci, rendu fameux par le film Slumdog Millionnaire est l’un des plus grands du monde, se trouve en plein milieu de la ville, entre des zones résidentielles aisées et des grands bâtiments construits par les anglais. La visite était organisée par une association créée dans le bidonville, et a été vraiment passionnante. Certes, les habitants vivent très modestement, et les conditions d’hygiène sont déplorables. Pourtant, la plupart d’entre eux ont un travail, soit à l’extérieur, soit dans l’une des « industries » du bidonville. En effet, beaucoup de choses sont fabriquées à Dharavi. Des petits pains, des gâteaux, des paniers, etc. Mais surtout, le bidonville est devenu un spécialiste international du recyclage. Bouteilles en plastiques transformées en poudre, bidons de peinture retapés et prêt à l’emploi, savon vendu sur les marchés locaux, etc. Certains de ses produits sont même exportés vers d’autres pays, et le « PIB » de Dharavi est estimé à 650 millions de dollars par an, pour une population dépassant le million d’habitant… 

Le troisième jour, direction « Malabar Hill ». Cet ensemble de résidences est située tout au bout de l’une des pointes de la ville, en faisant une retraite idéale pour les bourgeois aisés. Juste avant, d’ailleurs, le « marine drive » et la plage de Chowpatty sont également parmi les lieux les plus prisés de Bombay, des endroits où les couples se retrouvent pour chercher un peu d’intimité (ce qui est un échec) mais aussi et surtout de l’espace et un peu de frais le soir. En continuant, je visite la maison où séjournait Gandhi lorsqu’il était à Bombay. Le récapitulatif de sa vie est magnifique, et la reconstitution de ses conditions de vie d’une sobriété exemplaire. De plus, sont également présentées des versions de ses échanges épistolaires avec de nombreuses personnalités: des écrivains comme Tolstoï, des savants comme Einstein, mais également de nombreux hommes politiques parmi lesquels FD Roosevelt et même… Hitler. A chaque fois les mots sont justes, la signification profonde, et le message prêche inlassablement la cause de l’Indépendance de l’Inde et celle de la non-violence. Magnifique. 

Le dernier jour, visite du plus grand « ghat » de Bombay, soit un lavoir immense s’étendant à perte de vue en plein milieux de la ville. J’ai d’ailleurs eu beau chercher ma serviette donnée le matin à laver, impossible de la voir au milieu de tout cela. L’après midi, je suis parti sur l’Ile de l’Éléphant, une petite île au large de Bombay. Le spectacle sur l’île était sympa (temples taillés dans des grottes, singes attaquant les touristes, arbres inondés par la marée montante), mais le plus beau restait la vue des côtes Sud et Est de Bombay depuis le bateau. Ou comment modernité (gratte-ciels) et tradition (petites maisons) semblaient se marier dans une anarchie presque harmonieuse… 

Après ces 15 jours en Inde, j’avoue malgré tout que je n’étais pas mécontent de partir… L’Inde est vraiment un pays fou, plein d’énergie, d’enthousiasme et de surprises, mais cela en fait un pays fatiguant. Y voyager seul, quand on n’aime pas les épices et que l’on avance dans l’inconnu peut être épuisant. J’en garde un paquet de nouveaux amis et des images pleins la tête, mais j’ai quand même été très heureux de retrouver la civilisation. 

Direction Singapour!

 

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5 Responses »

  1. Baz, on attend avec impatience avec les deux autres Brahames Brothers que tu reviennes pour débriefer sur l’Inde…

  2. Hey again Beau gosse ! on ne t’a pas confondu avec Jude Law, à Bombay ? ou bien proposé un rôle ?

  3. c’était bien quand tu mettais une carte des pays que tu visites !

  4. Truc de fouuu le coup du train à prendre au vol!!! j’adooore!!! ahahah

    C’est génial aussi que tu aies pu parler longtemps avec les jeunes indiens chrétiens, c’est bien qu’ils aient été curieux sur toi et la France! Et puis c’est déjà bien qu’ils sachent où est la France j’ai envie de dire!

    Sinon je reve des cascades, des étendues vertes et puis de la plage à Goa, du sable blanc, des cocotiers… :)

    Et Bombay!! t’es allé voir des studios de cinéma? T’as appris les choré??

    Je trouve ça trop cool que tu rencontre des gens de l’Insead alors que tu n’as meme pas commencé vous vous voyez déjà à l’autre bout du monde! ET en plus avec un ancien de KPMG, c’est completement fou

    Et puis malabar hill, gandhi, l’ile de l’éléphant… c’est dingue! En plus tu me fais trop rire avec les singes attaquant les touristes et toi qui n’aime pas les épices en tant que derniere phrase de ton journal sur l’inde!! magique :) je t’envoie un camembert par la pensée!

  5. Enfin moi aussi!!

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