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3.3 – Inde – Bangalore & Hampi
This is my site Written by admin on 6 novembre 2010 – 8 h 56 min

 

Se déplacer en Inde est toujours une aventure, et il vaut mieux oublier ses repères d’Européen. Pour rejoindre Bangalore depuis Chennai (2 mégapoles distantes de seulement 330km), je pensais que réserver mon billet de train 3 jours à l’avance suffirait. Erreur. De même, en prenant le bus, je pensais que tabler sur 50km/h de moyenne n’était pas déraisonnable, et qu’en 6h30 je pourrai arriver à destination. 9h après mon départ, je continuais à m’habituer à la réalité des voyages en Inde… Et que dire du terminal de bus de Chennai, la plus grande gare routière d’Asie? Un espace immense où des monstres de métal rouillés et crachant des vapeurs d’un noir infâme s’entassent à perte de vue…

Je suis donc arrivé à Bangalore bien plus tard que prévu, et l’hôtel où j’avais réservé n’avais pas de douche. C’est à dire, pas de douche du tout, même pas sur le palier! Juste un robinet que le réceptionniste me montrait fièrement en disant que c’était amplement suffisant. Et pourtant, je n’étais pas dans un taudis, mais plutôt dans ce que le Lonely Planet appelait « Mid-range ». En Inde, j’ai d’ailleurs dépensé beaucoup plus en hôtel que ce que les autres voyageurs m’avaient décrit. C’était en partie lié à mes choix de destinations (des grandes villes principalement), mais aussi sans doute à la difficulté du parc hôtelier indien à suivre la croissance démographique effrénée et l’augmentation du nombre de touristes. D’ailleurs, j’ai très souvent trouvé des hôtels déjà complets, même en appelant à l’avance avec ma carte SIM indienne…

Le lendemain, j’ai arpenté la ville à pieds. Certains quartiers de Bangalore font partie des plus développés de toute l’Inde. Leurs rues propres sont remplies de restos étrangers et de bars tendance, et leurs supermarchés sont pleins de nourriture occidentale vendue à prix d’or. Mais l’Inde n’est jamais très loin, et en fouillant dans le rayon biscuits dans l’un des magasins les plus modernes je suis tombé sur un cafard. Et ce n’était rien à côté de ce que j’ai découvert en me baladant toute l’après midi dans la ville « normale ». Plus je m’enfonçait loin des grandes artères, plus la ville était sale et chaotique. Étant le seul étranger à des kilomètres à la ronde, les gens me regardaient bizarrement même si cela n’allait pas plus loin. Les rues, les quartiers défilaient sans fin et sans presque aucune trace de modernité. Ici, tout semblait vieux, cassé, grouillant de monde (à 80% des hommes), mais avec cette énergie que l’on ne trouve que chez les jeunes et ceux qui doivent se battre en permanence pour survivre. L’opposé exact de la vieille Europe en somme.

 Mais où était donc la puissance économique de cette ville reconnue comme la plus moderne d’Inde? J’allais le découvrir en rencontrant Jayshree, une autre fille admise à l’INSEAD. Je l’ai retrouvée le soir dans un resto chinois, excellent et hors de prix. Elle était avec un ami, et j’ai pu discuter un peu de leur vie indienne moderne. Tous 2 travaillaient pour des entreprises multinationales, dans l’informatique ou dans dans l’ingénierie. Devant mon envie de voir à quoi ressemblait leurs lieux de travail, Jayshree m’a proposé de venir déjeuner dans son « IT park » le lendemain. Exactement ce dont je rêvais de faire en venant à Bangalore! Et je n’est pas été déçu, le lieu a bien tenu toutes ses promesses. Le lendemain, j’ai pris le bus pour me rendre dans l’IT park, situé comme les autres dans la banlieue Est de la ville. Car il ne s’agit pas d’un seul parc, mais bien d’une dizaine d’immenses secteurs, fermés complètement dédiés au business. Certains sont occupés par une seule entreprise (General Electric, etc.), d’autre fonctionnent par « cluster » de compétences (aéronautique, pharmacie, etc.), tandis que les autres sont simplement des lieux permettant à diverses entreprises de tout avoir à disposition. Le parc où je me suis rendu était de ceux là. L’automobile côtoyait l’informatique et les services financiers, et au milieu des grands bâtiments se trouvaient pelle-melle des restaurants, des pressings, des ATM ou des pharmacie. En somme, tout le nécessaire pour que les employés se sentent bien, plus une chose indispensable: la sécurité. Car en plus des menaces avérées du terrorisme islamique, l’Inde sait qu’elle doit se protéger contre un espionnage industriel de tous les instants. Dès lors, impossible de rentrer dans le parc sans avoir à la fois un contact à l’intérieur qui mettra son tampon, ni laisser une pièce d’identité à l’accueil. Une fois à l’intérieur, la paranoïa continue. Vous voulez photographier un bâtiment, ou même juste un restaurant un peu sympa? Aussitôt une armée de garde débarque, vous hurle dessus le peu de mot anglais qu’ils savent (en général, deux maximum), et sont à deux doigts de vous atomiser votre appareil. Quant à la possibilité de rentrer visiter les bureaux de Jayshree, autant ne même pas y penser. Du coup, mon dej avec elle s’est fait dans le restaurant français du « food court », ou disons plutôt un fast food indien avec 3 noms en français pour faire plus cher. La conversation fut très intéressante. En particulier, je me rendis compte de tous les atouts dont disposaient cette génération indienne montante. Une maîtrise de l’anglais depuis le plus jeune âge, au point que ce soit la seule langue de travail dans les IT parks. La suite logique de cela: une éducation dans les meilleures universités américaines ou anglaises. Le frère de Jayshree était par exemple en train de terminer Stanford… Une croissance du pays très soutenue également, qui donne une tranquillité d’esprit très forte sur les possibilités de carrière. Il faut s’imaginer qu’un pays qui croit de 8% par an voit sa richesse doubler en seulement 9 ans! Enfin, des prix encore très bas, ce qui permet d’avoir facilement un bon niveau de vie.

En rentrant en bus de l’IT park, je suis également tombé sur une curiosité typiquement indienne. Sur les affiches électorales vantant les mérites des candidats d’un parti, était accolé un petit dessin assez dérangeant… une croix gammée!  Il faut dire que les Indiens en mettent partout, et j’en ai vu tous les jours dans des restaurants, des taxis, etc. Mais sur des affiches électorales, cela ne manque pas de sel! Le symbole de croix gammée, tout comme le terme « aryen » vient en effet d’Inde. La croix gammée, souvent orientée en sens inverse de celle des Nazis d’ailleurs, est un symbôle positif pour les Indiens, qui a été « pillé » par Hitler. En revanche, le terme « aryen » est employé par les castes supérieures pour se démarquer des castes inférieures à la peau plus foncée. Même en Inde, les théories raciales nauséabondes semblent ainsi avoir existé de nombreuses années…

 Le soir même, départ pour Hampi en train de nuit. Les billets étant pris d’assaut des semaines à l’avance, je me suis retrouvé dans le compartiment « 3ème classe couchettes, sans air conditionné ». Outre la chaleur, relativement supportable, j’ai donc découvert la vie en communauté des Indiens dans des trains ressemblant plus à des poubelles roulantes qu’à des corail SNCF. En plus de cela, avec des passagers qui montent et descendent toute la nuit, pas facile de dormir! Je suis donc arrivé fourbu à Hampi, petit village perdu en plein centre de l’Inde, vers 9h du matin. Voulant profiter de la (relative) fraicheur, je suis néanmoins parti tout de suite à l’assaut des temples. Car l’intérêt d’Hampi, outre d’être une bonne étape entre Bangalore et Goa, réside surtout dans ces vestiges de l’un des plus florissants royaumes de l’Inde pré-britannique. A cet endroit, aujourd’hui quasi-inhabité, se trouvait jusqu’au XVème siècle une capitale de plus de 500 000 habitants. Celle-ci, pour n’avoir pas su être assez forte, s’est faite progressivement envahir et a fini par disparaître complètement. Une leçon intéressante pour ceux qui pensent que notre civilisation est immortelle… Aujourd’hui, il ne reste plus que des ruines des immenses palais et habitations de l’époque, dont un marché couvert qui faisait plus de 200m de long!

 Le lendemain, j’ai passé une bonne partie de la journée à bouquiner, et à discuter avec 2 québécoises rencontrées dans mon auberge. Celles-ci partaient pour 8 mois en vadrouille, avec comme point culminant 6 mois en Australie avec le visa « working holiday ». Une formule qui au vu du nombre de voyageurs rencontrés qui la pratiquaient, semble extrêmement populaire.

 Après cet intermède culturel, cap vers Goa, le cœur balnéaire et touristique de l’Inde!

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2 Responses »

  1. Encore une fois, un style très agréable qui m’a fait voyager passionnément, ponctué par « les monstres de métal rouillés » empreints d’une poésie poignante ! Tes incursions pédestres dans la « vraie » ville et dans le IT Park sont elles aussi passionnantes, bravo, et vite la suite…

  2. Je suis complètement fascinée par tes récits sur l’Inde, je trouve ça extraordinnaire et tu le racontes très bien c’est un plaisir!!! J’ai hate de retourner en Inde!

    Sinon ça me parait quand meme dangereux que tu sois tout seul dans ces trains de nuit et tout, mais bon! C’est fait!

    Sois prudent quand meme!

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